Recherche provinciale portée par le CdRV
Tuesday 07 October 2025 |Et si la solution pour récupérer après un AVC se trouvait... dans votre langue?

Au Centre de recherche sur le vieillissement (CdRV) du CIUSSS de l’Estrie - CHUS, une équipe de recherche explore une approche novatrice pour améliorer la récupération chez les personnes ayant eu un accident vasculaire cérébral (AVC). Cette technologie, utilisant la langue pour stimuler le cerveau, pourrait transformer l'avenir de la réadaptation pour des milliers de Canadiens et Canadiennes.
Un défi de taille pour les survivants d'AVC
Plus de six mois après un AVC, de nombreuses personnes vivent avec une faiblesse persistante du bras qui limite leur capacité à accomplir leurs tâches de la vie quotidienne. Bien que ces personnes puissent continuer à récupérer une fois la phase de réadaptation intensive terminée, cette récupération est plus lente.
« Il existe un besoin urgent de solutions complémentaires pour stimuler la récupération motrice au-delà de ce que permet la réadaptation intensive. » - Marie-Hélène Milot, chercheuse porteuse du projet au CdRV et professeure à l'Université de Sherbrooke
Marie-Hélène Milot et Darel Hunting, participant à la recherche
La langue : une autoroute vers la récupération
L'innovation de Marie-Hélène Milot repose sur une approche unique : utiliser la langue comme porte d'entrée pour envoyer des impulsions électriques directement vers le cortex moteur du cerveau. L’étudiante au doctorat en recherche à la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l’Université de Sherbrooke, Maureen Rudy Sandra Ahiatsi, coordonne ce projet panquébécois.
« La langue est une "autoroute" pour les impulsions. Extrêmement innervée, elle présente un seuil d'excitation bas et un pH stable qui facilite la conduction des courants électriques. Plus besoin de placer des électrodes sur le crâne - cette approche unique permet d'atteindre les zones cérébrales de manière non invasive, c’est-à-dire sans directement toucher à votre cerveau! » - Maureen Rudy Sandra Ahiatsi, étudiante au doctorat, recherche en sciences de la santé, FMSS
Comment ça fonctionne
Des ingénieurs du Plateau d’équipements et de services d’ingénierie de l’Université de Sherbrooke, siégeant au CdRV, ont entièrement conçu le dispositif technologique de neurostimulation de la langue. Ce dispositif est utilisé avec un programme d’exercices, développé par la professeure-chercheuse Milot, qui cible le bras atteint. Chaque personne participante fait des exercices adaptés à sa capacité de récupération.
Maureen Rudy Sandra Ahiatsi et Darel Hunting, participant à la recherche
« Lors des exercices, des électrodes sont placées sur la langue du participant ou de la participante afin de stimuler le cerveau et optimiser les effets positifs de l’activité physique. Cette approche vise également à favoriser la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se modifier et à s’adapter. » - Marie-Hélène Milot
« J’ai eu un AVC il y a 1 an et 9 mois et j’ai encore des limitations à mon bras droit. Après un certain temps, notre récupération devient plus lente et difficile. Cette recherche, que je qualifie de révolutionnaire, me donne beaucoup d’espoir de gagner en motricité. Je me sens privilégié d’y participer. » - Darel Hunting, participant à la recherche
Des résultats encourageants
Ce qui a débuté comme un projet pilote mené par l’étudiante au doctorat, Maureen Rudy Sandra Ahiatsi, sous la supervision de la professeure-chercheuse Marie-Hélène Milot, a démontré des résultats remarquables. Sur 12 participants suivis pendant quatre semaines à raison de trois séances hebdomadaires du neurostimulateur combiné aux exercices du bras atteint, le taux d'adhésion a atteint 100 % sans aucun abandon ni effet indésirable grave. Plus important encore, à la fin de l’étude, les personnes participantes bougeaient mieux leur bras atteint.
Un projet d'envergure provinciale
Cette recherche, financée par la Fondation canadienne des maladies du cœur et de l'AVC, s'étend sur trois ans jusqu'en 2027. L'Université McGill et l'Université Laval sont des partenaires du projet et participent à la collecte de données. Le CdRV est heureux de voir émerger une telle innovation au sein de sa communauté de recherche.
Vers de nouveaux horizons
Contrairement aux appareils existants sur le marché comme le PoNS (Helius Medical Technologies), le dispositif utilisé par l’équipe de recherche intègre une option placebo permettant de comparer les effets réels du traitement à ceux d’un placebo.
Pour les personnes touchées par un AVC et leurs proches, cette innovation représente un espoir tangible d'améliorer leur qualité de vie et leur autonomie, même des années après l'événement initial. Cette recherche menée au CdRV permet de repousser les frontières de nos connaissances en neurosciences et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la réadaptation après un AVC.
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