REPAS : un allié contre la dénutrition

Diane, 70 ans*, a perdu son mari au cours de la dernière année. Celle qui aimait cuisiner pour deux s’est retrouvée seule devant son assiette. Peu à peu, l’appétit est parti. Ses repas, autrefois complets et colorés, se sont transformés en soupes, en yogourts, et parfois en une simple rôtie… juste assez pour dire qu’elle avait mangé. 

Ce qu’elle ignorait, c’est que ces repas trop légers l’exposaient à la dénutrition : un problème silencieux, mais, bien réel, qui touche une personne aînée sur trois au Québec. 

LA DÉNUTRITION, C'EST QUOI?
C’est lorsque le corps ne reçoit pas assez de nutriments pour bien fonctionner. Chez les personnes aînées, les conséquences peuvent être importantes, par exemple :  
- perte de poids et de masse musculaire; 
- augmentation du risque de chutes; 
- perte d’autonomie; 
- grande fatigue. 

De l’isolement à l’innovation 

Les chercheurs et chercheuses au Centre de recherche sur le vieillissement au CIUSSS de l’Estrie – CHUS ont vu la dénutrition s’aggraver durant la pandémie. L’isolement, la peur de sortir, la baisse d’activité physique… ces facteurs ont fragilisé la santé des personnes aînées. De là a émergé une idée : et si la technologie pouvait aider à prévenir la dénutrition?  

Le projet REPAS : un site web créé par et pour les personnes aînées 

Sous la direction de Patrick Boissy, Nancy Presse et Nicole Dubuc, avec l’appui de nutritionnistes et de partenaires communautaires comme Sercovie, est né REPAS.

Le site offre :    des informations accessibles sur la dénutrition et ses signes;  un questionnaire personnalisé pour évaluer son risque de dénutrition;  un répertoire de ressources disponibles à Sherbrooke (popotes roulantes, banques alimentaires, services à domicile, etc.).  « Avec REPAS, on outille non seulement les personnes aînées, mais toute une communauté. Les proches, le personnel de santé et les organismes communautaires peuvent s’y référer », partage Patrick Boissy, chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement au CIUSSS de l’Estrie – CHUS.  Chaque étape a été cocréée avec des personnes aînées, qui ont testé et commenté le contenu. Résultat : un outil intuitif, convivial et adapté à la situation de chaque personne.

Patrick Boissy

Des retombées bien réelles 

Lors des essais, Pauline, une participante au projet, a rempli le questionnaire sans trop savoir à quoi s’attendre. Elle a découvert l’importance des protéines en vieillissant, et la nécessité d’en consommer en quantité suffisante. 

Le site lui a suggéré des astuces simples, tels que :   ajouter des noix aux céréales et au yogourt;  préparer un gruau avec du lait;  l’informer à l’effet qu’une portion de viande telle que, la volaille, le poisson et les fruits de mer est équivalente à la paume de sa main. « Depuis le projet, lorsque j’ai faim, je me tourne davantage vers des protéines que vers des collations sucrées. Quand je ressens la faim, j’ai maintenant le réflexe d’analyser ce que j’ai mangé dans ma journée et d’opter pour un aliment plus bénéfique pour ma santé », partage Pauline Dumoulin, âgée de 72 ans.

Pauline Dumoulin

REPAS : bientôt partout au Québec 

Face au succès de la phase test, REPAS pourrait bientôt être déployé dans d’autres régions. 

« On veut que chaque personne aînée, peu importe où elle habite, puisse trouver les bonnes ressources au bon moment. C’est une façon concrète de prévenir la dénutrition et de soutenir l’autonomie, tout en répondant à un enjeu de santé publique important », affirme Patrick Boissy, aussi professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. 

Accédez à REPAS.info

Une initiative financée par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture 

*Situation fictive inspirée de faits réels.